Gin'Iro No Kami No Agito (Origine)

Publié le par Jacut

Film d’aventure de 2006 - 1 heure 30

Je ne peux le cacher plus longtemps, « Origine » va se faire descendre comme j’ai rarement descendu un « film » d’animation.
 

Premier (et espérons le dernier) film du Studio Gonzo, studio prolifique ces dernières années et acteur majeur de l’animation Japonaise réputé pour son animation toujours à la pointe du progrès, Gin Iro No Kami No Agito, littéralement « Agito aux cheveux d’argent » a reçu le titre pompeux à sa récente sortie en France d’ « Origine ». Gonzo, réputé donc pour ses techniques d’animation en avance sur son temps, n’est malheureusement pas réputé pour la qualité de ses œuvres, qui, bien souvent, sombrent dans le conformisme commercial niais et sans profondeur (Hellsing, Bakuretsu Tenshi, SaiKano, Samurai Seven, Trinity Blood, Witchblade, j’en passe et des moins bons), mais aussi, pour ses quelques animés qui resteront dans l’histoire (Chrno Crusade, Gankutsu Ou, Blue Submarine 6, Last Exile). En fait ils sont au nombre de quatre, pas un de plus, pas un de moins. Pour situer un peu le film –incontestablement dans la première catégorie comme vous l’aurez compris- , il est sorti cette année au Japon et vient tout juste d’être présenté au festival d’Annecy où il n’a heureusement reçu aucun prix.
 

C’est vraiment par pur dévouement pour mes lecteurs que j’ai regardé ce truc en entier, tant j’ai eu du mal à passer la première demi-heure. Quel dommage que cette première demi-heure soit –et de très loin- la meilleure partie du film ! Pour commencer sur une note positive (il en faut), les musiques de Taku Iwasaki (ROD, Now And Then Here And There, Kenshin les OAV etc…), très belles et très bien orchestrées, sont un des rares moments de plaisir disponibles durant ces trop longues 90 minutes.

De plus, en technique pure, Gonzo nous a probablement livré le plus beau film d’animation jamais crée. Les couleurs sont stupéfiantes de beauté, l’animation est merveilleuse, on se croirait dans un rêve, l’intégration 2D/3D est parfaite, on sent une maîtrise technique incroyable chez les graphistes et les animateurs, et une virtuosité dans la création des décors et des personnages comme je n’en ai jamais vue ailleurs qu’au Studio Ghibli. Le parallèle ne s’arrête pas là, on voit dès l’introduction que Nausicaä a été une influence majeure (que ce soit le messsage pseudo-écologique ou le monde de l’animé, et même parfois la trame scénaristique) pour le réalisateur du film, Monsieur Sugiyama. Malheureusement.

Je m’explique. Du début à la fin, on a l’impression que le réalisateur a voulu concilier le summum de l’animation et les références aux grands auteurs de l’animation que sont Miyazaki et ses Nausicaä et Laputa, et Otomo avec Akira. Le problème, c’est qu’il n’y a QUE ça. Et en infiniment moins bon évidemment. Aucune idée originale, aucune initiative personnelle, on ne ressent strictement rien en regardant ce film tant il est mal mis en scène, à part l’ennui et le mépris parfois.

Les personnages sont brouillons et complètement superficiels (ils possèdent à la fois les pouvoirs spéciaux de Tetsuo et d’Akira et les mimiques de Pazu et Sheeta de Laputa, youpi !), sauf quelques personnages secondaires assez intéressants, comme le « méchant » de l’histoire, Shunack, qui est le seul à savoir réfléchir par lui-même sans faire appel à la mémoire de son père... Le scénario est un fouillis immense, incohérent, la trame narrative est très approximative lorsqu’elle ne ressemble pas à un gros morceau de gruyère (tiens et comment il se retrouve là lui il était pas à tel endroit ? euh et depuis quand ils se connaissent ?). Au fil du film, on s’enfonce dans la médiocrité la plus absolue, c’est comme si toute la base (d'argile) sur laquelle se reposait le film au début se désagrégeait en même temps que le scénario s’enfonce irrémédiablement dans les abysses de la nullité… Le point culminant est quand même la scène de fin, proche du cliché absolu, d’un pathétique et d’une mollesse rarement atteints et d’un manichéisme affligeant et prévisible dès les dix premières minutes.

Le tout est très inconsistant, on dirait que chaque équipe technique a travaillé séparément et sans concertation et qu’on a collé la musique avec les dessins et qu’on a oublié des bouts de scénario, et la seule satisfaction qui sauve le film de la noyade est finalement la qualité technique monstrueuse. Un peu comme une démo technique destinée à prouver la valeur d’une nouvelle console est dénuée d’intérêt et de gameplay, ici, Giniro No Kami No Agito est totalement dénué de qualités cinématographiques. Pas une seule seconde je ne me suis senti devant un film. Il est court, une heure trente, et pourtant, j’ai regardé anxieusement l’heure durant tout le film en tentant de me dire qu’il était bientôt fini et que le plus dur était passé. Même comme ça il m’a paru trop long, le rythme étant clairement mal géré. Le genre du film d’aventure était à son zénith avec Laputa, il a touché le fond avec Origine. Voilà la différence entre le génie et le plagiat.

Comme l’a justement dit Charlotte Moreau du Parisien, « "Origine" ne reste qu'une compilation de beaux dessins. » Au final, pour moi, le mot d’ordre du film est « superficialité ». Rien à ajouter, fuyez-le autant que possible. Gin Iro No Kami No Agito est la grosse et belle blague de l’année en provenance du Japon, au même titre que Wonderful Days il y a quelques années en Corée, mais en nettement pire. Malheureusement.
Notation : 3,5/10

Publié dans Film

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J
Nous verrons dans l'avenir pour des dossiers du style (c'est une bonne idée!), mais pour l'instant, place à la critique d'animés si vous le voulez bien.
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S
Oh grand maître Jacut, donne-nous vite lecture d'un exposé sur les personnages non manichéens dans l'animation japonaise, leurs raisons d'être, dans quelles voies ils s'engagent., comment agissent-ils sur la trame scénaristique...MerciTon plus grand fanSpoil
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