Suzumiya Haruhi No Yuutsu (The Melancholy Of Haruhi Suzumiya)

Publié le par Jacut

Série de comédie du premier semestre 2006 – 14 Episodes

Suzumiya Haruhi No Yuutsu est une série produite par le trop peu connu studio « Kyoto Animation », responsable de nombreux animés comiques ou de romance tels que Air, Full Metal Panic Fumoffu et Second Raid ou encore Kanon 2. Auréolé d’une certaine reconnaissance sur le territoire national vu le succès des nouvelles - de Nagaru Tanigawa - dont il est tiré, cet animé était à l’origine totalement inconnu à l’étranger, et vous allez comprendre pourquoi, mais cela a bien changé. Les réalisateurs, Hirohi Yamamoto (dont c’est la première réalisation) et Tatsuya Ishihara (Kanon 2, Air) sont d’ailleurs promis à un bel avenir, je peux vous le dire d’entrée, et Haruhi est à coup sûr le début de leur gloire.

L’histoire se situe dans le lycée de son créateur, l’auteur Nagaru Tanigawa, à Nishinomiya, entre Kobe et Osaka dans le Kansai (le centre traditionnel et historique du Japon, possédant une culture extrêmement différente de celle de Tokyo par exemple). Kyon est un lycéen tout ce qu’il y a de plus normal, qui découvre avec stupéfaction le jour de la rentrée des classes que derrière lui est assise une beauté incomparable se présentant comme étant Suzumiya Haruhi, et qui ne s’intéresse qu’aux êtres venus d’autres galaxies, temps ou dimensions, et pas aux vulgaires humains. Il finira par devenir le seul être humain à se permettre de lui adresser la parole, et se laissera embarquer (disons qu’il n’aura pas vraiment le choix…) dans le club parascolaire crée par cette jeune demoiselle, nommé le SOS Dan, ou « Brigade pour le sauvetage du monde par le rire de Haruhi Suzumiya », ou encore la SOS Brigade. Au programme de la création du club, extorsion d’une salle appartenant au club de littérature et d’un ordinateur du club informatique, chantage, violences, quasi kidnapping de membres, publicités mensongères et autres réjouissances du style. Et l’histoire ne fait que commencer pour le pauvre Kyon…

On peut remarquer déjà que presque toute la série se déroule dans l’enceinte de l’établissement scolaire, et pourtant la place des études est totalement négligeable, pour ne pas dire que les personnages n’y font JAMAIS allusion. En effet, l’école est plus vue ici comme un vecteur de socialisation que de professionnalisation, c’est pourquoi, à part savoir dès le début que Haruhi est bonne élève et douée en sports, on n’aura pas connaissance de quoi que ce soit en dehors des activités de la SOS Dan.

Les personnages sont beaux, profonds, vivants. Ils sont, qui plus est, bien développés les 14 épisodes que dure la série et évoluent avec l’histoire, surtout Haruhi, qui est le personnage voyant les plus grandes modifications dans son caractère. Laissez vous entraîner par les membres de la SOS Brigade : le sceptique et sarcastique Kyon, l’emportée et autoritaire Haruhi, la jolie nunuche venue du futur Mikuru, le gentleman esper Koizumi et enfin l’interface informatique qui a pris les traits de la mystérieuse et silencieuse Yuki ! Si Haruhi est le personnage principal de l’histoire par lequel tout arrive, Kyon en est le narrateur, on suit l’histoire grâce à lui et on est véritablement dans sa peau pour peu que l’on apprécie son ironie et son cynisme latents (j’adore).

Le premier épisode est un pur moment de drôlerie qui parodie son propre genre, celui des comédies/romances avec un brio exceptionnel. En effet, ce premier épisode, nommé d’ailleurs épisode 00, met en scène la jolie Mikuru dans des aventures désopilantes filmées, écrites et jouées par les héros de la série pour le festival de leur école, avec en fond les commentaires toujours aussi tranchés et tranchants de Kyon. Ce n’est qu’à la fin de cet épisode, le onzième chronologiquement (c’est un peu compliqué mais je vais y revenir), que le scénario part vraiment et que nous découvrons à quoi ressemble vraiment l’animé.

L’animation est tout bonnement incroyable, un niveau au dessus de tout ce qui se fait actuellement, les couleurs sont éclatantes, le character design est plutôt joli et simple, permettant à Kyoto Animation de se lâcher sur la technique pure. Et quelle réussite, j’ai rarement vu un animé aussi beau… Les couleurs sont vives, les dessins s’enchaînent rapidement et les décors sont très fins. Il y a même des prises de risques dans le style employé comme dans les épisodes sur l’île déserte parfois (les seuls ne se déroulant pas au lycée), mais cela reste toujours superbe. On note aussi une grande cohérence graphique, qui démontre bien qu’aucun détail n’a été laissé au hasard.

La réalisation est tantôt lente et incroyablement maîtrisée, et tantôt enlevée et… toujours autant maîtrisée. Le placement des personnages est très important et très symbolique, et le réalisateur déploie des merveilles d’inventivité pour nous éblouir encore plus à chaque nouvel épisode. C’est bien simple, il n’y a pas un moment qui ne soit pas spécifique et original, pas une seconde où l’on sente une quelconque redondance, et cela est dû à la fois au génie des scénaristes et à la maestria du directeur d’épisodes. Chapeau messieurs, je ne sais même pas quoi ajouter sur ce point, sinon, voyez par vous-même.

Le scénario, quant à lui, est écrit, rythmé et mené à la perfection, très original et bien plus complexe qu'il n'y paraît au commencement, tout en étant compréhensible par chacun. Il semble éclaté au début, comme les épisodes ne suivent pas l’ordre de la trame scénaristique et sautent du coq à l’âne (par exemple, l’épisode 3 est le second épisode chronologiquement et le suivant, donc l’épisode 4 n’est autre que le septième chronologiquement !), mais révèle encore une fois au final la virtuosité dont font preuve les créateurs de la série. Il est logique que dans une série où les extra-terrestres, les espers, et les voyageurs temporels prennent une place prépondérante (bon gré mal gré), le scénario suive cet état de fait en ne se conformant pas aux règles en vigueur sur la planète Terre à notre époque non ? Tout découle finalement du désir de Haruhi de voir et côtoyer ces êtres surnaturels, et toute la série va suivre ce principe, de la réalisation (particulièrement étrange mais si belle et originale) au scénario, en passant par les personnages (des espers, extra-terrestres, …) ou l’animation (si l’on considère que Kyoto animation est en avance sur son temps !).

Rien à dire sur la scène de fin, tant elle est une conclusion satisfaisante scénaristiquement et humainement parlant, et surtout mise en scène de façon stupéfiante sur une grandiose musique d’opéra. On se dit alors que la série est trop courte, et que ce n’est qu’un gâchis de l’arrêter après 14 épisodes alors que les nouvelles vont bien plus loin, mais si l’on y réfléchit bien, mieux vaut une série condensée et parfaite qu’une longue série avec des erreurs grossières et des manques sur la fin comme c’est souvent le cas. Et puis soyons honnêtes, il n’y a rien à ajouter à cet animé, si vous voulez aller plus loin, comme le fait Haruhi, rêvez et inventez votre suite !

Chef d’œuvre de finition, perfection scénaristique, bonheur pour les yeux et les oreilles, perle d’humour, Suzumiya Haruhi No Yuutsu est bien plus que tout cela encore. C’est une superbe parabole sur l’acceptation de la différence, la puissance des rêves, la nécessité de s’ouvrir aux autres et la beauté de la relation amoureuse. Le tout créant une nouvelle brèche dans l’univers de l’animation Japonaise, comme une tornade emportant tout sur son passage, et révolutionnant purement et simplement le style. Je pense que c’est clair, SHNY est incontestablement l’animé de l’année, le meilleur animé de comédie jamais inventé, un produit commercial parfaitement accrocheur autant qu’une œuvre d’art tout ce qu’il y a de plus complète, et la confirmation que l’animation Japonaise est en plein renouveau.

Ayant d’ores et déjà atteint le statut de série culte, Haruhi a engendré dès sa sortie, et pour la première fois peut-être dans l’histoire de l’animation, un véritable phénomène international (aux Etats-Unis et en Corée en particulier) autour d’elle, et ce sans publicité ou quasiment. Les sites et les blogs consacrés à la série fleurissent par milliers sur le net alors que celle-ci est finie depuis moins d’un mois et commencée depuis à peine quatre (un record). Honnêtement, je ne vois pas comment l’on peut rater cette série et encore moins ne pas l’apprécier, c'est un allergique aux comédies nippones qui vous le dit ! Si vous n’avez qu’une seule série du style à voir, c’est incontestablement celle-ci. Sans hésiter.

Notation : 10/10

Publié dans Série Achevée

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J
Et en cadeau, je vous mets le lien des nouvelles originales traduites en Anglais jusqu'à la 6eme (l'animé retrace approximativement les 2 premières!), avec des chapitres inachevés néanmoins. Bonne lecture !http://project.baka-tsuki.net//index.php?title=Suzumiya_Haruhi
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